Quand les toits se mettent au vert

Les toits végétalisés son à la mode. Les collectivités publiques et les opérateurs privés sont entrés dans la danse. Retour sur cette nouvelle tendance.

La France totalise plus de 10 millions de m2 de toits végétalisés (soit 15 % des toitures plates) et 1,2 à 1,3 million de m2 s’y ajoutent chaque année dans l’Hexagone, faisant de l’Hexagone un des premiers pays au monde à verdir ses toitures. L’essentiel des acteurs de la filière sont rassemblés au sein de l’Adivet(Association française des toitures et façades végétales) qui a co-rédigé les Règles Professionnelles françaises pour les toitures. Entretien avec Marc Lacaille, délégué général de l’Association.

Marc Lavaille president Adivet paysagiste

 

Les collectivités publiques semblent convaincues de la nécessité de mettre du vert dans la ville avec la végétalisation des bâtiments neufs, mais qu’en est-il des opérateurs privés ?

 

ML : Toutes les études montrent les bienfaits de la nature dans la ville, son rôle dans la régulation du climat et la gestion des eaux pluviales. Et toutes les grandes métropoles partagent ce souci de mettre du vert dans leur environnement. Ce sont les collectivités publiques qui soutiennent le marché de la végétalisation des toitures. Mais les opérateurs privés commencent à s’y mettre. Sociétés d’HLM, foncières, promoteurs voient l’intérêt qu’il y a à végétaliser et l’intègrent dans leurs programmes.

 

Comment les convaincre de l’intérêt de cette végétalisation ?

 

ML : Outre ses bienfaits avérés, la végétalisation répond à une demande du public et valorise le bâti. Et son coût, rapporté au coût du foncier et au prix du mètre carré est très faible. Il permet de verdir l’environnement sans faire perdre de m2 au sol.

 

Les démarches existent-elles pour les particuliers ? Y a-t-il des initiatives gouvernementales pour les aider, les subventionner… ?

 

Les particuliers s’y mettent aussi peu à peu : un coin de garage, un abri de jardin… Les règlements de lotissement ne sont pas toujours favorables mais il y a un engouement pour des constructions écolo en matériaux bio sourcés, et la végétalisation va de pair avec les terrasses et les toitures plates. Selon les régions, des subventions existent, mais ce n’est pas suffisant. Seule l’obligation est probante : un certain nombre de PLU imposent des toits végétalisés dès lors qu’ils sont plat.

balcon sur immeuble avec végétaux

 

La végétalisation a-t-elle sa place sans travaux conséquents en rénovation ?

 

ML : Végétaliser en rénovation impose beaucoup de précautions et des études techniques précises même s’il existe des systèmes très légers qui s’adaptent aisément. Il faut savoir si l’étanchéité est adaptée (protection contre les racines) et quel poids la terrasse est capable de supporter. En outre, s’il s’agit de végétaliser en créant un accès, des passages… les choses sont encore plus compliquées.

 

L’image du toit recouvert de Sédums semble obsolète, vers quel type de toit végétalisé porte la demande aujourd’hui ?

 

ML : Les Sédums sont toujours d’actualité et même dominent le marché. Il en existe plusieurs variétés qui fleurissent de façon très esthétique. C’est le système le moins cher, il se contente d’un substrat léger et ne demande pas d’entretien. Pour des toitures plus paysagères, offrant davantage de bio diversité, permettant une plus grande rétention des eaux pluviales, le substrat devra être plus conséquent. Plus la palette végétale est riche, plus le substrat doit être épais avec en contrepartie, davantage d’entretien, donc un coût plus élevé.

 

Du nord au sud, les toits végétalisés connaissent des variantes, qu’en est-il du toit potager ?

 

ML : Du nord au sud, le toit végétalisé s’adapte en ayant recourt à des végétaux locaux. Ces végétaux sont mixés avec des plantes xérophytes, résistantes à la sécheresse, dont on est sûr qu’elles ne poseront pas de problèmes. Et si au sud, l’arrosage intégré s’impose, au nord, prévoir un point d’eau suffit, quoique le vent soit aussi source de dessèchement. Quant au toit potager, c’est une nouvelle tendance, mais outre la nécessité d’un substrat conséquent (au moins 20 cm), il pose des problèmes d’accessibilité, de circulation et de sécurité. Les contraintes techniques sont importantes.

potager urbain sur toit d'immeuble

 

Quid de l’arrosage et de la récupération des eaux de pluie ? Le toit hydraulique connecté est-il la solution d’avenir ?

 

ML : Sauf dans le sud, le toit végétalisé peut se passer d’arrosage. La pluie suffit, d’autant que des substrats rétenteurs d’eau limitent le problème de la sècheresse. Mais en matière de toit végétalisé, les cogitations sont permanentes. De même qu’on se dirige vers des substrats toujours plus respectueux de l’environnement en faisant une place de choix au matériaux recyclés pour remplacer la pouzzolane, des systèmes d’arrosage intelligents émergent. C’est le cas du système Hydroventiv® du Prieuré, qui associe récupération d’eau de pluie, micro-débit régulé par capteur et arrosage piloté à distance.

 

Quel est le poids financier de la végétalisation ?

 

ML : Le prix du m2 de toiture végétalisée peut varier de 70/80 euros/m2, à 300 euros. Quant à l’entretien, tout dépend du nombre de passages nécessaires dans l’année. Un ou deux passages suffisent pour les Sédums ; plus si les végétaux sont plus complexes.
Le mur végétal, lui, est beaucoup plus cher. Environ 600 euros le m2 et nécessite beaucoup d’entretien, une surveillance, des plantes à changer. Plus il est beau, plus il est exigeant !

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