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Pourquoi et comment greffer ? Découvrez l’écussonnage [1/2]

Patrick Mioulane vous propose chaque mois de découvrir la tâche jardinière à effectuer. Parce que le jardin évolue et a besoin d’entretien tout au long de l’année, ne passez pas à côté des conseils avisés de notre expert du jardin.

Dans les pépinières, la période comprise entre le 15 juillet et début septembre et consacrée au greffage en écusson. Cette méthode de multiplication est tout à fait accessible au jardinier amateur et nous vous proposons, dans les lignes suivantes, d’en découvrir les atouts et la technique en détail.

S’il est vrai que le greffage s’apparente à de la chirurgie végétale, sa maîtrise est loin d’exiger la même compétence qu’en médecine, fort heureusement. Il suffit en fait de comprendre quelques bases essentielles du métabolisme végétal, et de prendre beaucoup de soin dans la réalisation des diverses étapes. Mais pour un amateur, réussir une greffe constitue un peu son bâton de maréchal, le couronnement de sa maîtrise technique, alors n’hésitez pas à vous lancer dans l’aventure…

 

Qu’est-ce que le greffage ?

Greffer consiste à associer deux éléments appartenant à des végétaux différents et faire en sorte qu’ils se soudent, entraînant une association biologique complète pour former un seul et même individu parfaitement autonome. Ces deux éléments sont : un porte-greffe et un greffon.

  • Le porte-greffe (ou sujet), si l’on employait un langage médical, ce serait « le receveur » : c’est la partie qui porte (ou va développer) les racines. Et qui comporte un morceau de tige. Le porte-greffe fournit l'alimentation nécessaire à la croissance du nouveau plant.
  • Le greffon : apporte les caractères du végétal à multiplier, c’est-à-dire les critères particuliers de la variété. Il correspond à la partie aérienne de la nouvelle plante.

Une plante greffée bénéficie des qualités de ses deux composants, mais chaque partie (greffon et porte-greffe) conserve son propre code génétique. Il n’y a pas de modification comportementale, comme dans une hybridation par exemple. Le greffage est donc une multiplication « végétative » (on obtient un clone), la variété greffée pouvant exprimer toutes ses qualités intrinsèques.

 

Pourquoi greffer ?

Le greffage constitue un stade ultime dans la multiplication des végétaux. On l’emploie lorsqu’une plante ne transmet pas fidèlement ses spécificités par semis et qu’il n’est pas possible de la bouturer, la marcotter ou la diviser. C’est le cas de toutes les espèces dites allogames, dont les fleurs ne peuvent pas s’autoféconder (entre autres les arbres fruitiers). Ces plantes sont pollinisées par des insectes avec le pollen de sujets appartenant à la même espèce, mais à une variété différente. Leurs graines produisent donc des hybrides naturels.

Le greffage est nécessaire pour nombre de végétaux ligneux hybrides (par exemple les rosiers) ou provenant de sélections horticoles complexes et dont le génome n’est pas bien fixé (par exemple certaines plantes à feuillage coloré ou panaché et des formes « spéciales » à port pleureur, fastigié, nain ou tourmenté).

Le greffage est également utilisé pour favoriser la mise à fruits ou la floraison de certaines plantes. C’est le cas par exemple des agrumes (orangers, citronniers) qu’il est possible de bouturer, mais dont la production fruitière n’est vraiment bonne que chez les plants greffés. Même chose chez les glycines qui, bouturées ou marcottées, donnent surtout des plantes vigoureuses, généreuses en feuillage, mais aux grappes éparses ou rares, les glycines obtenues par semis ne fleurissant qu’après de longues années, voire jamais. Autre exemple : les tomates et les poivrons greffés qui présentent une vigueur bien supérieure à celle des plantes issues de semis.

On s’est aussi rendu compte que les couleurs étaient souvent plus vives chez les plantes greffées par rapport à celles obtenues par semis. C’est le cas notamment chez le Liquidambar.

On peut aussi choisir un porte-greffe, adapté à certains types de sols. Par exemple, les poiriers greffés sur cognassier de Provence (Cydonia obongua) acceptent de pousser dans les sols calcaires. Il en est de même pour les rosiers greffés sur rosier ‘Laxa’ (Rosa laxa), alors que ceux qui ont été écussonnés sur Rosa multiflora sont vite sujets à la chlorose si le pH du sol est élevé.

On peut agir sur la vigueur d’un arbre grâce au greffage. Les arboriculteurs disposent de porte-greffes spécifiques dont la dénomination se limite à des lettres et des chiffres. Par exemple les fuseaux et palmettes de pommiers sont greffés sur M 106, les cordons (faible vigueur) sur M9 ou M 26. les poiriers sont souvent greffés sur BA29, une sélection de cognassier de Provence obtenue par l’INRAE, qui offre l’avantage d’être indemne de virus.

Le greffage permet aussi de protéger les plantes de certaines maladies ou insectes. Par exemple, avant l'invasion du phylloxéra, les vignes étaient simplement bouturées et sont depuis la fin du dix-neuvième siècle, greffées sur des porte-greffes résistant aux attaques de ce puceron des racines.

 

Choisir les bons partenaires

Pour que le greffage réussisse, il faut absolument que porte-greffe et greffon appartiennent à minima à la même famille botanique. Il est même préférable le plus souvent que les deux plantes soient issues du même genre. Par exemple les rosiers sont tous greffés sur des plantes du genre Rosa, y compris l’églantier (Rosa canina). Les arbres fruitiers à noyaux (abricotier, cerisier, pêcher, prunier) sont tous greffés sur des Prunus.

Mais l’exception confirme la règle, avec par exemple le troène (Ligustrum) ou le frêne (Fraxinus) qui font de bons porte-greffes pour le lilas (Syringa) ; l’aubépine (Crataegus) pour le sorbier (Sorbus), le cognassier (Cydonia) pour le poirier (Pyrus), le poncire (Poncirus) pour les agrumes (Citrus) ou les buissons ardents (Pyracantha).

Attention, les plantes d’une même famille ne se greffent pas forcément entre elles. Par exemple rosier, poirier, prunier, abricotier, pommier sont tous des Rosacées. Rosier, poirier, pommier ne sont pas compatibles entre eux (ce sont des parents éloignés). Autre particularité : l’abricotier peut être greffé sur prunier, mais l’inverse est plus difficile.

Notez aussi qu’au sein d’un même genre, les espèces à feuilles caduques se soudent très mal sur les formes persistantes. En revanche, l’inverse est possible dans certains cas.

 

Comment obtenir des porte-greffes ?

Les pépinières multiplicatrices utilisent des porte-greffes sélectionnés qui présentent des spécificités bien connues. Vous ne trouverez pas ces plants dans les jardineries, il faut vous adresser à ces spécialistes pour en obtenir (en général par lot de 10 minimum).

Il est aussi possible de produire des porte-greffes par semis des graines de la plante à multiplier (par exemple des pépins de pommier ou de poirier). Les plantes obtenues sont appelées des francs, caractérisés par une grande vigueur naturelle. Ils conviennent à la création d’arbres hautes-tiges (plein vent). Ils présentent aussi l’avantage d’être indemnes de viroses, les virus ne se transmettant que très rarement par les graines.

Pour les rosiers vous pouvez aussi utiliser des rejets d’églantiers récoltés dans la nature durant l’hiver. On les appelle des « sauvageons ».

 

Comment obtenir des greffons ?

Pour les greffes d’été, les greffons doivent être prélevés juste au moment de l’opération, afin de ne pas risquer la moindre dessiccation. Si les greffons disponibles se trouvent dans un autre jardin et que vous devez les transporter, coupez-les de préférence le matin, enveloppez-les dans un linge très humide et dans du papier journal (surtout pas dans un plastique, ils auraient trop chaud et seraient vite attaqués par la moisissure). Transportez-les à l’ombre, au frais, voire même dans une glacière si vous en avez la possibilité. En aucun cas, les rameaux une fois coupés ne doivent être exposés au soleil.

 

Les inconvénients du greffage

Outre l’évidente difficulté technique, on peut reprocher au greffage, le temps nécessaire à la soudure (par exemple les rosiers écussonnés en juillet ne redémarrent qu’en mars suivant, soit entre 8 et 9 mois d’attente) et aussi la période longue (1 à 2 ans) de culture préalable, indispensable pour obtenir des porte-greffes prêts à l’emploi.

On considère qu’une plante greffée a tendance à vivre moins longtemps qu’un spécimen sur ses propres racines. L’endroit où se produit la soudure (bourrelet de greffe) constitue toujours un point de fragilité, plus sensible au froid et aux attaques des parasites (par exemple, chez les pruniers, l’éclatement au niveau de la greffe est très fréquent).

Considérons aussi que le pourcentage de reprise (pour nous, amateurs) sera relativement faible. Si vous réussissez plus d’une greffe sur deux, félicitations, vous maîtrisez déjà bien le sujet !

 

Quelques précautions à prendre

La réussite du greffage dépend des conditions d’hygiène qui entourent l’intervention. Utilisez des outils parfaitement propres. N’hésitez pas à désinfecter les lames dans l’alcool. Lavez-vous les mains entre deux greffes afin d’éviter tout risque de transmission de maladies d’une plante à l’autre. Ne mettez jamais la plaie ouverte d’une plante en contact direct avec la terre.

Ne greffez pas par forte chaleur et de préférence le matin. Les pluies violentes (et notamment les orages) sont défavorables à une bonne reprise, de même que les bourrasques de vent. La pression répétée qu’elles exercent sur les plantes peut entraîner des mouvements imperceptibles entre le sujet et le greffon. Ce qui suffit à les désolidariser. Dans le cas d’un écussonnage, insérez toujours le greffon dans la direction opposée aux vents dominants.

 

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